Trois pièces de théâtre évoquent Sarah dans les années 40-50,
Les Monstres sacrés de Jean Cocteau, joués au Théâtre Michelle 20 février 1940,
LEnchanteresse de Maurice Rostand,jouée au Théâtre boutiques de lŒuvre le 24 décembre 1940, et
Colombede Jean Anouilh, jouée le 9 février 1951 au théâtre de lAtelier.La tristesse de la période de la seconde guerre mondiale sembleinspirer à Cocteau et Rostand le désir de saluer une dernière foisSarah, comme lincarnation dune époque brillante et disparue. Ladémarche de Jean Anouilh, qui est plus jeune, est autre: il sedétourne avec horreur dun passé encore assez récent. (...)
Maurice Rostand, le fils dEdmond Rostand, a bien connu Sarah, qui acréé trois œuvres de son père, La Princesse lointaine, LaSamaritaine et surtout LAiglon. Il lui rend hommagedans une intéressante biographie parue en1950.Il fait jouer LEnchanteresse la veille de Noël 1940, commepour offrir un cadeau de fin dannée aux Parisiens soumis àloccupation allemande. La pièce, restée inédite, nest connue quepar les comptes rendus de presse. La référence à Sarah estévidente, Maurice Rostand reprend le thème cher à Vigny de lasolitude du génie et laisse entendre que la vie amoureuse de Sarah aété un échec. Le bruit en avait en effet couru et certainsdisaient même que, malgré de nombreuses liaisons, elle étaitrestée frigide. Maurice Rostand donne à Sarah le nom dAriane etattribue à cette Ariane les grands rôles de Sarah, Phèdre, Hamlet,la Dame aux Camélias. Ariane est dans la pièce une grande actrice,surnommée lEnchanteresse et selon LIllustration(11.01.41) "Les foules extasiées prononcent son nom avec uneadmiration fervente". En revanche sa passion pour son art luiinterdit dêtre heureuse. Le soir de son premier succès auConservatoire, un jeune homme qui laime, Olivier, labandonne parcequil la sent trop loin de lui. Elle séprend ensuite en vain dunpoète nommé Cyrille. Elle refuse la main dun prince étranger pourne pas renoncer à jouer. Lorsquelle meurt, très romanesquement,Olivier vient lui apporter, écrit un journaliste de LAtelier(04-01-41), "lultime tendresse de sa présence". Ensuite,selon Rabetie de Paris-Soir "La Légende jouera sonrôle de légende et voudra quelle ait une vie de grande amoureuse".Lucienne Bogaert joue le rôle dAriane. Elle est, daprès unjournaliste de LIllustration (11.01.41) "nerveuse,irritable, obsédée de soi, maniérée, en perpétuellereprésentation devant elle-même comme devant les autres".Lucienne Bogaert sarrange pour que la scène de la mort soitsemblable à la fin de La Dame aux Camélias, un desmorceaux de bravoure de Sarah."